Mémoration

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crédit image : juliendouvier.com
"Ses yeux sont comme les noires nuits brillantes" ⇒ Marcel Proust

Scintillant plus qu’un astre, éthéré comme un rêve,
Quelque chose d’ailé, de pur, d’évanescent,
Promène sur ma peau sa douceur, puis s’élève :
J’ai tiré les rideaux ; la nuit prompte descend

Et voilà que paraît, sans humaine parole,
Mon très cher Souvenir, qui projette en passant :
Sa grande ombre moirée, alanguie, en corolle,
À travers les airs bleus du soir calme et puissant !

Puis la Lune, splendide et mystiquement pleine,
Verse un miel généreux sur mes mornes amours,
À dessein de froidir la trop cuisante peine
Qu’une femme adorée inflige à mes vieux jours

En ce soir cristallin (de clarté presque noire)
Quoiqu’un lustre écoulé, le frisson me parcourt :
Un visage, un parfum, réveillent ma mémoire

Et le Temps retrouvé, tout à coup, semble court.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 24/02/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

Jouvence (sonnet spenserien)

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Souvent je réintègre, assoupie et tranquille :
La chambre inoccupée où rien n’est dérangé ;
Je m’y laisse charmer, à l’écart de la ville,
Et nourris mes regards du décor inchangé

Mes yeux vont au miroir où je vois, mélangé
Au parfum qui m’arrive à travers l’ombre chaude :
Le grand jardin fleuri, de lumière frangé,
Tout resplendissant d’or, de nacre et d’émeraude

Et mon Passé revient, à pas lents (comme en fraude)
Ressusciter ma vie à son commencement,
Rentrer dedans mon corps ma jeune âme en maraude ;
Puis, je me sens au cœur un bref embrasement

Pensif en m’en allant, je songe sans souffrance :
Au monde arc-en-ciellé de mon heureuse Enfance.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 15/02/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

L’étreinte desserrée

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crédit image : juliendouvier.com
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Mes lèvres garderont (et mes yeux tout autant)
L’ineffable douceur de sa chair féminine,
Ses caprices félins, sa griffe léonine,
Son parfum familier, qui persiste, envoûtant

Car jamais, ni le Temps ni la lente amnésie
Ne se sont emparés de l’arôme charnel
— Quand bien même endormi du Repos éternel —
Des baisers appliqués, gorgés de frénésie !

Mais, sans cesse reflue un sanglot retenu :
C’est le désir, moirant son onde douloureuse ;
Pour avoir transgressé une emprise amoureuse,
Je regrette cent fois le plaisir obtenu…

Puis je sens dans mon âme, un instant rassurée,
L’allégresse hésitante et l’attendrissement ;
Or, mes bras grands ouverts, malencontreusement :

Referment sur moi seul l’étreinte desserrée.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 09/02/2019

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Je reviendrai…

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crédit image : juliendouvier.com
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Je reviendrai sans doute à Maisonville, un jour,
Prolonger tant soit peu ma jeunesse mondaine ;
Y respirer sans fin, à pleine âme, l’amour
Dans les tièdes parfums d’une idylle lointaine

Caracolant d’ivresse, embrasant maint éclair :
J’apparaîtrai, serein, au détour de ma rue ;
Fredonnant des chansons sur la douceur de l’air
Où flotte, en souvenir, l’enfance disparue

J’irai d’un pied léger vers cet appartement
Dont je garde toujours au cœur la nostalgie ;
C’est là qu’habitait, sous… la Lune exactement :
Le poète orphelin du vieux temps de magie.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 02/12/2018

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Camille, amours trépassées

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Quand novembre commence, assez étrangement
Reparaît, inchangé, sous mes paupières closes :
Le bel incarnadin de ses lèvres bien roses,
Cette part de son cœur en lent prolongement

Dans mon âme plus humble, un prompt soulagement
Prend un air de tenir (par la force des choses)
Éloignés, mes pensers attristés et moroses ;
Puis je semble joyeux de rêver sagement

J’interpelle Camille au fond de la nuit noire,
Où dort et se corrode en à-flanc de mémoire :
Le redoutable instant de l’adieu accompli

Et revient que je chasse, une image entêtante :
Son regard effronté, sa frimousse envoûtante,
Derrière un masque d’or, ont des gestes d’oubli.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 05/11/2018

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Tourné vers l’infini

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Jentrevois d’anciens soirs de floraison dernière ;
— Flamme étrange de fin proche et lente d’Été —
À l’heure où tout dormait dans la ville, excepté :
L’inextinguible amour en sa force première

Sous les ors chamarrés de la tiède verrière,
Ta fougue romantique et ma virilité
S’accouplaient, amorties, avec tranquillité,
Dans les bras de la nuit et puisaient la lumière

Quand nos sens, embrasés par les feux successifs,
Se consumaient l’un l’autre, en fandangues lascifs :
Reins et bustes cabrés ; front à front, lèvre à lèvre

Robe de soie aux plis blancs, uniformément,
Et costume paré ; parfums ; joyaux d’orfèvre,
D’un seul élan donnaient à l’âme, un supplément.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 22/08/2018

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Sous l’aspect d’un phantasme

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Sous l’aspect d’un phantasme en sa forme suprême,
M’est apparu, un soir, le fantôme incrusté
De notre jeune amour ; qui fut la grâce même :
Mêlant tranquille idylle, extase et vénusté

Comme si une nymphe avait mis son empreinte
Sur nos heures de joie (en allées aujourd’hui) ;
Suggérant tour à tour la caresse ou l’étreinte :
J’ai revécu ce temps, que l’allégresse a fui

Tel un ange bizarre aux ailes grand ouvertes,
Venu parmi nos vies avec un long soupir :
Tu te montrais, au ciel, joues et lèvres offertes ;
Serviables échos du fervent souvenir…

Transfigurée ainsi, tu t’es faite éternelle !
Je bénis, depuis lors, le divin messager
Qui t’a donné, un soir, l’enveloppe charnelle
Sous un voile fragrant d’opium très léger.

Transfigurée ainsi, tu t’es faite éternelle !

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 02/07/2018

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

Polina

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Qui l’a vue une fois, conserve dans le cœur
Sa bouche rubescente et sa gorge animale,
Puis, ressent tout à coup la caresse primale ;
Cependant que défaille un souffle un peu moqueur

Car, toujours refleurit dans toutes les mémoires :
Un moment fatidique, où nos sens agités
— Accoutumés pourtant aux grandes voluptés —
Contentaient les langueurs des âmes les plus noires !

Car, encore aujourd’hui, j’imagine un retour !
Dès lors, mes yeux fermés acceptent la lumière
Et sa voix me parvient, à l’heure coutumière :
Je la rêve au présent ; c’est un rêve d’amour…

Et c’est toute douceur, sitôt la nuit venue,
De contempler, ravi ; de révérer, heureux :
Les contours de son corps superbe et généreux ;
Drapant de mille plis sa beauté toute nue.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 14/06/2018

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Notre amour oxymore

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crédit image : Milos Rajkovic // sholim.com
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Je m’endors fréquemment dans le vieux souvenir
D’un amour d’autrefois, dès les nuits commencées :
Sous le toit familier, je me crois rajeunir,
Tandis que tout là-haut s’envolent mes pensées

Ton reflet, bégayant un murmure incertain,
Se révèle et s’accroît, puis enfin me délaisse :
Ce long souffle pâmé, dont l’écho est lointain,
Appartient au passé ; je ne veux qu’il renaisse !

Car au creux de mon lit, seul, grandi et vainqueur,
Crânement je fais front à l’appel insonore
Du beau rêve, défunt, qui me perça le cœur :
Trop heureux de pleurer notre amour oxymore.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 21/03/2018

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

Nébuleux miroir

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crédit image : juliendouvier.com
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Tel un deuil passé qu’on évoque sans détour :
Sa vie à quarante ans revêt bien des mystères !
Sous la même apparence, angoisses délétères
Et bonheurs anciens l’étreignent nuit et jour

Or, la rose poudreuse aux corolles fanées,
Qu’elle effeuille sans haine et sans hâte et sans bruit,
Pleure un parfum dissout ; c’est l’amour qui s’enfuit
Et que rien ne ramène à travers les années…

Trouverait-elle un charme à l’amer nonchaloir
Qui partout l’accompagne, oublieuse habitude ?
De l’Été au Printemps, toujours, la solitude
Entrelace sa trame au nébuleux miroir.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 22/01/2018

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.