Soir d’apothéose

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Habile aux nudités de cœur, d’âme et de chair,
C’est jaillissant d’un songe, ardente d’incendies
Qu’elle apparait, laurée, en robe d’argent clair ;
Ployant divinement ses formes arrondies !

Lumineuse dans l’ombre, elle approche à tâtons,
Puis soumet dans l’instant l’appétit qu’elle excite :
— Sur la rose odorante ont fleuri deux boutons —
Ondé d’or et de sang, l’amour nous sollicite…

Je voudrais, mon esprit à ses lèvres pendu,
Pour qu’en fête s’achève un soir d’apothéose :
Dans un souffle très lent, mordre au fruit défendu ;
Puis en sucer le jus, velouteux, mais je n’ose.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 20/08/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

En ma Tour d’ivoire

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Immuable, au balcon de ma Tour ivoirine :
Je subis mille assauts, debout dans mon orgueil,
D’oppressants papillons (en noir tulle de deuil)
Ivres-fous d’élégies en langue mandarine

Je demeure à l’écart ; Muses, pardonnez-moi
Si, en proie à pleine âme aux langueurs de l’absinthe :
Je blanchis mainte nuit dans un grand labyrinthe
Où mon cœur ne bat plus ; ne sentant nul émoi !

Triste, je me souviens qu’une femme d’Asie
Fit asservir mes sens aux appels du levant ;
Et loin de tout désir, j’exorcise, en rêvant
D’un jardin gemmiforme en fleurs de poésie…

C’est que j’aime toujours, comme aux temps les meilleurs,
La brune au corps de marbre (inconquise et pudique)
Qui mêlait à la braise, harmonie et musique !
Son regard tantalique, à présent, luit ailleurs.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 09/05/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

D’un amour adultère

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Loin des yeux indiscrets ; sans esclandre ni bruit :
D’un époux sans vigueur je partage la femme ;
Et d’un zèle incessant, j’alimente la flamme,
Pour son cœur de lumière esseulé dans la nuit

En secret, nous vivons dans l’amour adultère ;
Consacrant nos pensées à des jeux impudents
Où nos sens échauffés, nos esprits doux-ardents,
Se plaisent à languir et n’en font pas mystère !

En un peu de fumée, en de rares soleils,
Nous métamorphosons les minutes trop brèves
Où, tramés d’arcs-en-ciel, s’entrelacent nos rêves ;
Avec l’air de tenir constellés nos sommeils
 
Nous laissons fuir au loin la trompeuse chimère
Pour, exempts de remords, nous griser follement
Tout au bord d’un abîme, haut-lieu d’isolement

Où ne fait que passer un bonheur éphémère.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 18/03/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

D’âme tendre et de cœur conquérant

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crédit image : juliendouvier.com
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Connivents, l’âme tendre et le cœur conquérant :
Je ne peux m’adonner qu’aux idylles cachées,
Où les fruits sans saveur et les fleurs arrachées
Dérobent leurs parfums aux lèvres s’effleurant !

Je m’enivre, lascif, de la Chair toute nue :
— Labyrinthique abîme et toujours m’attirant —
Fiançant l’amour fruste à l’extase ingénue

J’effémine et j’échauffe, à la braise du soir,
Mon logis sans couleurs et son décor trop noir ;

Avant que d’entreprendre un chemin qui sinue.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 10/03/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

Mémoration

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crédit image : juliendouvier.com
"Ses yeux sont comme les noires nuits brillantes" ⇒ Marcel Proust

Scintillant plus qu’un astre, éthéré comme un rêve,
Quelque chose d’ailé, de pur, d’évanescent,
Promène sur ma peau sa douceur, puis s’élève :
J’ai tiré les rideaux ; la nuit prompte descend

Et voilà que paraît, sans humaine parole,
Mon très cher Souvenir, qui projette en passant :
Sa grande ombre moirée, alanguie, en corolle,
À travers les airs bleus du soir calme et puissant !

Puis la Lune, splendide et mystiquement pleine,
Verse un miel généreux sur mes mornes amours,
À dessein de froidir la trop cuisante peine
Qu’une femme adorée inflige à mes vieux jours

En ce soir cristallin (de clarté presque noire)
Quoiqu’un lustre écoulé, le frisson me parcourt :
Un visage, un parfum, réveillent ma mémoire

Et le Temps retrouvé, tout à coup, semble court.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 24/02/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

Jouvence (sonnet spenserien)

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Souvent je réintègre, assoupie et tranquille :
La chambre inoccupée où rien n’est dérangé ;
Je m’y laisse charmer, à l’écart de la ville,
Et nourris mes regards du décor inchangé

Mes yeux vont au miroir où je vois, mélangé
Au parfum qui m’arrive à travers l’ombre chaude :
Le grand jardin fleuri, de lumière frangé,
Tout resplendissant d’or, de nacre et d’émeraude

Et mon Passé revient, à pas lents (comme en fraude)
Ressusciter ma vie à son commencement,
Rentrer dedans mon corps ma jeune âme en maraude ;
Puis, je me sens au cœur un bref embrasement

Pensif en m’en allant, je songe sans souffrance :
Au monde arc-en-ciellé de mon heureuse Enfance.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 15/02/2019

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L’étreinte desserrée

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crédit image : juliendouvier.com
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Mes lèvres garderont (et mes yeux tout autant)
L’ineffable douceur de sa chair féminine,
Ses caprices félins, sa griffe léonine,
Son parfum familier, qui persiste, envoûtant

Car jamais, ni le Temps ni la lente amnésie
Ne se sont emparés de l’arôme charnel
— Quand bien même endormi du Repos éternel —
Des baisers appliqués, gorgés de frénésie !

Mais, sans cesse reflue un sanglot retenu :
C’est le désir, moirant son onde douloureuse ;
Pour avoir transgressé une emprise amoureuse,
Je regrette cent fois le plaisir obtenu…

Puis je sens dans mon âme, un instant rassurée,
L’allégresse hésitante et l’attendrissement ;
Or, mes bras grands ouverts, malencontreusement :

Referment sur moi seul l’étreinte desserrée.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 09/02/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

D’un amour qui n’est plus…

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Cet amour qui n’est plus équivaut en substance
Au passage fatal de la vie à trépas ;
Or, il me plaît de croire, abrogeant la distance :
Combien aimé je fus, mais ne le savais pas !

Et dans mes longues nuits, lorsqu’un rêve me guide
Vers un ciel poétique au décor presque nu :
Intangible et fuyant, esquissé mais limpide,
M’apparaît tout à coup ce visage connu !

Le frisson de sa voix vient hanter ma mémoire ;
Par un songe imprévu, je la vois revenir !
Puis, je sens dans mon âme un rideau qui se moire :

D’elle, rien n’a filtré qu’un demi-souvenir.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 17/01/2019

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

Je reviendrai…

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crédit image : juliendouvier.com
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Je reviendrai sans doute à Maisonville, un jour,
Prolonger tant soit peu ma jeunesse mondaine ;
Y respirer sans fin, à pleine âme, l’amour
Dans les tièdes parfums d’une idylle lointaine

Caracolant d’ivresse, embrasant maint éclair :
J’apparaîtrai, serein, au détour de ma rue ;
Fredonnant des chansons sur la douceur de l’air
Où flotte, en souvenir, l’enfance disparue

J’irai d’un pied léger vers cet appartement
Dont je garde toujours au cœur la nostalgie ;
C’est là qu’habitait, sous… la Lune exactement :
Le poète orphelin du vieux temps de magie.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 02/12/2018

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.

Sous des nimbes de lys

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Au second rendez-vous, le charme se révèle ;
Et l’on croirait le soir tout exprès constellé !
Nous soupirons au nom d’un archange fidèle,
Dans l’or du crépuscule hautement étoilé

Cupidon, semble-t-il, a gagné la partie !
Mille de nos baisers, aussi doux que le miel,
— Divins autant que l’arc et sa flèche assortie —
Se mêlent dans la nuit aux étoiles du ciel

J’ose ceindre sa taille inflexible, qui ploie !
Un parfum de victoire embaume l’air grisant :
Elle tombe à genoux, les yeux remplis de joie,
Au point de n’être plus qu’un corps s’électrisant !

Stupéfait mêmement, je chancelle et me pâme :
À voix basse elle a dit, mon cœur contre le sien,
Que mon âme est la sœur jumelle de son âme
Et qu’au monde elle n’a d’autre amour que le mien.

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© Yánnučój WĄTESŻĄ 25/11/2018

Poème protégé par le Code de la Propriété Artistique et Littéraire [ version consolidée au 11 mai 2017 ] Reproduction interdite sans autorisation écrite de l’auteur.